Le nouveaux profils des femmes exploitées sexuellement en Europe


Palma (Mallorca) from 19 to 25 October 2015
International Congress prostitution from the perspective of the
Human Rights: New Challenges for the XXI century


L’exploitation sexuelle demeure pour le grand public le parfait synonyme de la traite des êtres humains. Fortement médiatisé jusqu’au milieu des années deux mille, ce sujet a suscité de nombreux reportages et articles de journaux. Malgré cette attention médiatique et l’indignation politique qui l’accompagne, la plupart des Etats européens ne semblent pas avoir réussi à s’adapter aux mutations qu’a connue l’exploitation sexuelle. Si l’on prend la situation des jeunes filles mineures où la question du consentement n’intervient pas les chiffres des autorités compétentes reflètent cette incapacité et/ou ce manque de volonté. Dans la majorité des Etats européens, le nombre de mineures reconnues comme victimes d’exploitation sexuelle est très faible. Les rapports des différents pays évalués par le GRETA[1] indiquent pour l’Autriche en 2011, deux mineures identifiées, en 2012 une seule et en 2013 six[2]. La situation est à peu près similaire au Danemark avec deux victimes de moins de dix-huit ans, pour l’année 2010. En Belgique, en 2012, seuls 8 mineures ont été reconnues victime. En Espagne[3], seulement 7 mineures ont été identifiées en 2011 et 6 en 2012. En France, en 2013, 25 mineures furent comptabilisées comme victimes de proxénétisme[4]. Trois pays se distinguent démontrant au besoin que l’identification et la protection de ces victimes est possible. L’Allemagne qui selon les données de la Police fédérale[5], a recensée pour l’année 2012, 100 victimes. L’Italie qui a longtemps était en avance sur la reconnaissance de ce phénomène mais qui depuis quelques années voit un nombre croissant de ses régions ne plus mettre de moyens suffisants pour l’identification[6]. En 2012, 114 mineures victimes ont été assistées[7] dans tout le pays. Enfin, le Royaume Uni où 223 mineures victimes d’exploitation sexuelles ont été identifiées[8].

L’objet de cet article est de comprendre, au-delà des données statistiques des Etats trop parcellaires, les principales mutations qu’a connue l’exploitation sexuelle en Europe de l’Ouest au cours de ces 20 dernières années. Qui sont les victimes actuelles ? Comment sont-elles recrutées ? Qu’elles sont leurs aspirations ? Quels types de contraintes subissent-elles ? Pour cela je m’appuierai sur des enquêtes de terrains effectuées en France, en Roumanie et en Bulgarie entre 2010 et 2015. Comprendre ces nouveaux profils doit permettre de mieux prendre en compte les victimes qui, comme le montre les chiffres officiels, demeurent dans leur grande majorité ignorées par les autorités.

Evolution du phénomène lors de vingt dernières années : le cas de l’Europe de l’Est


En fonction des pays d’origine des victimes, les mutations de l’exploitation sexuelles en Europe de l’Ouest sont  très spécifiques : le système des jeunes nigérianes encadrées par une Madam qui maintient des filles dans une situation d’endettement pendant de nombreuses années n’a rien à voir avec la situation des « marcheuses chinoises » ou des adolescentes allemandes, françaises, espagnoles exploitées sexuellement. Concernant les jeunes filles d’Europe de l’Est, qui pendant de nombreuses années représentèrent le nombre de victimes le plus important en Europe de l’Ouest, la structuration de leur exploitation a connu, lors de ces vingt dernières années, de profondes mutations. Ces changements sont souvent à l’origine d’un certain nombre d’incompréhension sur la réalité actuelle de l’exploitation qui s’éloigne de l’image des grandes organisations criminelles internationales tout comme du portrait de la victime idéale.  

Pour cerner ces mutations il faut revenir sur la genèse        de l’exploitation massive des femmes en Europe conséquence indirecte de l’intervention internationale lors du conflit en ex-Yougoslavie (1991-2000). En 2002, lors de la Conférence organisée à Turin par les Nations Unies sur la traite, l'esclavage et le maintien de la paix, fut déclaré que « la période post-conflit et l’arrivée massive de personnel relativement riche pour les opérations de maintien de la paix a conduit à un développement sans précédent de bordels créant une alliance de facto entre les employés de la MINUK et le crime organisé. En conclusion concernant le trafic d’êtres humains, lors d’opérations de maintien de la paix, il faut admettre que les casques bleus font souvent partie du problème »[9]

Pour mieux comprendre ce phénomène revenons sur la chronologie des faits. Le 30 mai 1992, le Conseil de sécurité de l’ONU décréta un embargo sur la Serbie qui dura jusqu’en 1995. De nombreux trafics frontaliers se mirent alors en place avec la Roumanie, la Hongrie, la Macédoine, le Monténégro et l’Albanie pour contourner les restrictions sur l’essence, les cigarettes ainsi que sur toutes sortes de produits quotidiens : vêtements, denrées alimentaires, cosmétiques… Ces échanges clandestins créèrent des mini-réseaux de connaissances à des niveaux très divers entre Roumains, Serbes, Bosniens, Kosovars, Albanais....

En 1992, la guerre en Bosnie-Herzégovine poussa la communauté internationale à intervenir. Cet engagement se matérialisa par l’envoi de casques bleus. Après les accords de paix de Dayton en 1995 cette force internationale compta près de 60 000 hommes avec un retrait progressif sur plus de 10 ans. Cette arrivée massive de militaires avec un pouvoir d’achat très conséquent, à laquelle il faut rajouter les nombreux personnels des organisations internationales et des ONG, donna un véritable coup d’accélérateur au trafic de femmes et d’adolescentes. Quelques cas furent signalés à partir de 1992 mais avant cette date la prostitution dans cette région était extrêmement limitée. Le modèle de circulation des victimes fut semblable à celui utilisé pour les marchandises de contrebande, passant par des types d’organisation très variés. Cela allait du groupe d’individus se connaissant à peine et s’échangeant des filles d’un côté à l’autre de la frontière, à des organisations plus structurées contrôlant l’ensemble de la filière du recruteur au propriétaire d’hôtel en passant par la corruption des douaniers et des policiers locaux et internationaux. Les adolescentes étaient recrutées par des fausses promesses, trompées par des proches ou séduites par leurs exploiteurs. Elles provenaient de Roumanie, de République de Moldavie, d’Ukraine, de Russie ou de Bulgarie, de Bosnie ou d’Albanie.

En 2000, l’ONU identifia 260 clubs en Bosnie-Herzégovine tandis que les estimations données par les ONG faisaient état d’environ 900 clubs où le nombre d’adolescentes et de femmes variaient de 4 à 25 par établissement[10].  Le rapport de HRW[11] mit en lumière des complicités entre la police locale, fédérale, et les forces de maintien de la paix comme la SFOR. Selon les ONG locales, 50% des clients étaient des internationaux, principalement des soldats de la SFOR qui assuraient au moins 70 % des revenus de ces établissements[12]. Cette présence quasi-officielle souligna en creux l’impuissance ou l’absence de volonté des forces internationales à lutter contre ce phénomène. Comme l’attestèrent les enquêtes du journaliste américain Victor Malarek[13], les rares internationaux qui souhaitèrent s’attaquer à ce commerce s’attirèrent les foudres de leur hiérarchie et furent rapidement renvoyés au pays.

En 2000, après les bombardements des forces serbes par l’OTAN, l’arrivée des soldats (50 000 hommes) de la KFOR au Kosovo entraîna un phénomène similaire. Des bordels virent le jour dans toute cette province. Malgré les messages de prévention des organisations internationales, la quasi-absence de poursuites des soldats sous mandat international ne permit pas d’enrayer ce phénomène. Pourtant, au vu de ce qui s’était passé en Bosnie, l’essor de ce trafic était plus que prévisible. Lutter contre ne constitua pas une priorité de la communauté internationale, comme le déplorait à l’époque Amnesty international[14]. A l’heure actuelle ce trafic continue. Régulièrement des opérations de polices aboutissent à la découverte de jeunes filles de Moldavie, d’Ukraine ou du Kosovo exploitées sexuellement dans des night-clubs.

En raison de l’implantation géographique des réseaux albanophones, le Kosovo se transforma rapidement en plaque tournante du trafic de femmes vers l’Europe de l’Ouest. Ses bordels furent utilisés comme un point d’étape pour des filles envoyées par la suite en Italie, en Angleterre, en Belgique, aux Pays-Bas, en Suisse, en Allemagne ou en France. Après plus de 15 ans d’exploitation sexuelle à grande échelle, la traite des êtres humains s’est structurée durablement dans ces pays. Les réseaux se sont internationalisés rendant ce phénomène difficile à combattre et toujours actuel. 

En raison de l’implantation géographique des réseaux albanophones, le Kosovo se transforma rapidement en plaque tournante du trafic de femmes vers l’Europe de l’Ouest. Ses bordels furent utilisés comme un point d’étape pour des filles envoyées par la suite en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Belgique, aux Pays-Bas, en Suisse ou en Allemagne. L’implantation de groupes criminels kosovars dans ces pays conditionna le choix de ces destinations. Des réseaux anciens[15], datant des années soixante-dix, surtout actifs dans le trafic de drogue en Europe de l’Ouest, s’investirent alors ponctuellement dans l’exploitation sexuelle de jeunes filles.

Le développement de la traite des êtres humains dans les Balkans est lié à une série d’événements géopolitiques et la complicité passive de la communauté internationale. Quasiment sans risque et très lucratif pendant près de dix ans, ce commerce a prospéré. La lente prise de conscience des polices européennes et la baisse de la présence internationale dans les Balkans finirent par contraindre les trafiquants à changer de stratégie. À partir de 2005, les réseaux serbes, bosniens, kosovars, albanais les plus puissants se désintéressèrent de la prostitution de rue au profit d’autres types de trafics jugés plus lucratifs : drogues, cigarettes ou armes…

L’exploitation sexuelle des femmes ne fut pourtant pas abandonnée, mais les formes changèrent. Les lieux fermés de prostitution furent privilégiés, surtout dans les pays où la prostitution était devenue entre-temps tolérée ou légale. Leur disparition sur le segment de la rue laissa la place à la présence de réseaux roumains, bulgares, nigérians achetant souvent « le consentement » de la victime par un semblant de répartition des gains et la perspective de devenir à leur tour proxénète. Afin de s’adapter à la répression policière, les formes et les modes d’embrigadement changèrent tout comme le profil des victimes. Ces mutations eurent pour effet l’augmentation de l’exploitation par des micro-organisations sur une base géographique et communautaire, touchant davantage les minorités roms de ces deux pays.

Depuis 2009, des groupes plus importants, par le nombre de filles exploitées, sont apparus. Ils restent, cependant, assez éloignés des organisations internationales régulièrement décrites. En 2010, une enquête sur l’un des réseaux de prostitution les plus substantiels, exploitant des filles roumaines sur les boulevards des Maréchaux à Paris, fut ouverte. D’après les enquêteurs, il s’agissait de deux groupes familiaux originaires de Petrosani et de Lupeni en Roumanie. Sur les 17 victimes recensées, dont deux mineures, presque toutes avaient des liens de parenté : sœur, cousine, mère, tante... C’est cette dimension familiale qui constituait la base de recrutement sans que cela soit synonyme d’absence de mauvais traitements. En cas de maigres recettes, les filles étaient battues. De même, elles étaient toutes logées dans des garages à peine chauffés situés en banlieue parisienne[16].

Depuis 2005, l’exploitation sexuelle de rue des jeunes filles d’Europe de l’Est se limite à des groupes restreints s’appuyant sur une base géographique, communautaire, familiale ou individuelle. Si ces petites organisations ont plus de liberté pour occuper la rue, la raison de leur développement est liée au repli des réseaux d’Europe de l’Est sur des circuits plus discrets dans les pays où la prostitution n’est pas tolérée : prostitution dans des lieux fermés ou via internet. Les salons de massage, bars à hôtesses, bars américains, sex-shops sont transformés partiellement en bordels clandestins. Le rapport de l’OCRETH de 2009 recense, en France, 481 établissements de ce type présentant un risque de prostitution. Parallèlement, avec la démocratisation d’Internet, les réseaux d’Europe de l’Est ont mis en place des sex-tours. Le système est maintenant bien connu. Le client qui souhaite « réserver » une fille pour un temps donné, se rend sur un site hébergé dans des pays où la prostitution est légale. Il choisit, sur photo, une « hôtesse » ou une escort-girl de passage dans sa ville. Pour confirmer sa commande, il compose un numéro russe, ukrainien ou roumain. Une fois ces formalités effectuées, il reçoit un SMS lui indiquant le nom de l’hôtel où il devra se rendre pour avoir une relation tarifée. Pour compliquer le travail des enquêteurs, ces jeunes femmes sont changées de villes tous les trois jours en moyenne[17]. L’utilisation par les proxénètes des nouvelles technologies de communication leur permet de contrôler de l’étranger leurs victimes. Les risques pénaux sont ainsi très limités.

Parmi les pays européens où les lieux de prostitution sont tolérées ou légaux (Espagne, Allemagne, Suisse, Pays-bas, Belgique) l’exploitation sexuelle des jeunes filles majeures et mineures est loin d’avoir disparu. Régulièrement des affaires impliquant un nombre important de victimes y sont relatées démontrant que la tolérance vis-à-vis de ce type d’établissements ne s’accompagne pas d’une baisse des phénomènes de traite des êtres humains, au contraire. En 2013, au sein d’un des lieux les plus connus de la Jonquera, localité située tout près de la frontière française, 215 victimes tenues par un réseau furent identifiées. L’extrait de l’article[18] paru dans le journal Métro décrit brièvement le fonctionnement.

« Elles devaient "pointer" via un lecteur d'empreintes digitales avant d'enchaîner des "journées de travail de 14 heures" dans des "bordels géants". La police espagnole a annoncé mercredi soir le démantèlement d'un réseau de proxénètes roumains à La Jonquera. Une petite ville du nord de l'Espagne, à seulement 30 kilomètres de Perpignan, devenue haut lieu de prostitution et abritant depuis 2010 le plus grand bordel d'Europe, le Paradise. "Afin de les soumettre, les proxénètes les menaçaient, les frappaient et les violaient en permanence, les maintenant dans un régime de semi-esclavage", explique la police dans un communiqué. Les victimes, de jeunes Roumaines, étaient amenées en Espagne à peine leurs 18 ans fêtés. "On leur faisait miroiter de faux emplois de gardiennes d'enfants ou de personnes âgées en Espagne". Au total, 19 personnes ont été interpellées. Elles appartiennent à deux groupes, le premier, composé de citoyens roumains installés dans la région de Braila en Roumanie, le second, chargé de gérer une "maison close géante" en Espagne.»

Si l’on compare l’ampleur des réseaux démantelés en France à ceux de ses voisins européens Espagne, Allemagne, Belgique, Royaume Uni notamment le nombre de jeunes femmes exploitées sexuellement en provenance d’Europe de l’Est est nettement plus faible. Depuis 2005, il n’y a plus eu d’affaires impliquant un nombre de victimes aussi conséquent. L’exploitation semble s’être déplacée sur des adolescents, garçons et filles, contraints à commettre des délits. Ces différence entre les pays européens illustrent l’adaptation des groupes criminels, quelque soit leur degrés d’organisation, aux législations nationales et aux pratiques policières et judiciaires.  Elles façonnent, sans le vouloir, les formes de la traite des êtres humains, l’âge des victimes, les modes d’emprise psychologiques, etc.  Or, dans les discours politiques, ce constat est occulté au profit de la mise en avant de l’extranéité des victimes et/ou des exploiteurs devenant alors la seule cause explicative du phénomène.


Recrutement : manipulation, violence et sentiments amoureux


Depuis quelques années, la majorité[19] des jeunes filles roumaines rencontrées dans les diverses métropoles d’Europe de l’Ouest, entrent dans la prostitution forcée en suivant un jeune garçon dont elles sont tombées amoureuses quelque temps auparavant. L’emprise psychologique repose alors sur un sentiment ambivalent. Le proxénète est à la fois le tortionnaire et le protecteur, mais surtout celui qui fait miroiter un avenir meilleur. Si étonnant que cela puisse paraître, ce sentiment peut se prolonger, même après plusieurs mois d’exploitation et la présence d’autres filles. Cette illusion amoureuse est probablement cultivée inconsciemment pour trouver un peu de réconfort et s’accrocher à un espoir. Dans ce contexte, vouloir monter en grade au sein de ces petites organisations est à la fois une voie de sortie et un moyen de se rapprocher de l’idéal souhaité. Les proxénètes ont compris l’intérêt de cultiver cet attachement. Il a l’avantage de cristalliser les haines, non sur l’exploiteur, mais sur les autres filles perçues comme des concurrentes. L’étude Feed Back[20], qui repose sur une série d’entretiens avec des anciennes victimes d’exploitation sexuelle ayant accepté une protection, vient souligner cet aspect. Même après être sorties de l’exploitation, la personne qui suscite encore rancunes et jalousies de la part des victimes, n’est pas le proxénète mais la « lieutenante ». Derrière ce surnom se cache une personne, elle aussi victime, dont la mission supplémentaire est de contrôler les autres filles. Cette place enviée démontre que, réussir à se mettre en concubinage avec un proxénète ou un client est perçu comme un moyen de sortir de l’exploitation.

La présence d’une dette comme technique d’emprise est aussi régulièrement utilisée. Suivant les situations, cette dette est explicite (chez les nigérianes notamment), la somme à rembourser est connue et peut s’inscrire dans un projet d’avenir. Beaucoup de jeunes filles espèrent qu’avec l’argent accumulé pendant la période de prostitution, , s’acheter une maison et/ou vivre paisiblement avec leur exploiteur, qu’elles considèrent comme leur petit ami. Cette dette a pour objectif de démontrer aux victimes que la période d’exploitation est limitée. Qu’à l’avenir, elles pourront se mettre rapidement à leur compte. Ce désir de sortir au plus vite d’un système de dépendance est régulièrement manipulé pour contraindre des jeunes filles à prendre des risques à la place des proxénètes. Moldaves, Ukrainiennes, Roumaines qui, jusqu’en 2005, étaient forcées de se prostituer en Europe de l’Ouest sous prétexte qu’elles avaient contracté des dettes, se sont vues proposer, au bout d’une période, une modalité de remboursement qui consistait à recruter de nouvelles filles. Concrètement, elles devaient retourner dans leur pays et convaincre, par la tromperie, leurs amies de venir les rejoindre à l’Ouest. Préalablement, leur proxénète avait convenu, par exemple, d’une somme de 3 000 dollars par recrue, ce qui rendait cette solution nettement plus attractive que de continuer à se prostituer pendant encore des mois. Cette stratégie de sortie d’exploitation était motivée par les trafiquants eux-mêmes, qui déléguaient ainsi le recrutement, c'est-à-dire les principaux risques pénaux, à leurs anciennes victimes.

Actuellement, dans les organisations où la taille est parfois très limitée, l’emprise psychologique est un mélange entre séduction, promesse d’accès à un style de vie et résignation. De nombreuses déclinaisons concernant les formes de recrutement existent localement. Afin de les illustrer prenons l’exemple de la Bulgarie où en fonction des principales régions de recrutement les modalités varient.

Le cas de Sliven

Sliven est l’une des villes en Bulgarie parmi les plus touchées par l’exploitation sexuelle. Jusqu’en 2007, les méthodes de coercition des filles étaient basées sur la violence. Une partie de celles exploitées au Benelux avaient été revendues à des proxénètes albanais.  Depuis, 6-7 ans d’après les entretiens effectués auprès des médiateurs et différents interlocuteurs au sein du quartier la majorité des filles est considérée comme volontaire. La répartition des gains entre leur proxénète appelé « manager » et les filles serait même très précise : 50 % - 50 % ou 70 % - 30 % si le « manager » prend en charge le logement et la nourriture à l’étranger. En retraçant les parcours de certaines « volontaires » d’autres types de contraintes s’ajoutent notamment via l’encouragement par leur « manager » ou leur « petit ami » à consommer de la drogue. Une fois arrivées sur place leur addiction devient alors un moyen d’asservissement.

A Sliven, la prostitution ne concerne pas uniquement les quartiers roms ou les jeunes filles pauvres, les élèves des lycées de langues étrangères et des Beaux-arts partent régulièrement à l’étranger pour se prostituer (Espagne, Allemagne, Suisse). Des responsables d’établissement ont évoqué une proportion de 5 à 10% de lycéennes concernées par ces départs à risque. 
D’après nos interlocuteurs (médiateurs et procureur), les jeunes filles les plus vulnérables à l’exploitation sexuelle de cette région sont celles âgées entre 13 et 16 ans provenant des villages alentours. Elles sont très faciles à recruter via des lover boys  qui agissent à la sortie des écoles souvent distantes de leurs villages de plusieurs dizaine de kilomètres. Les villages de la minorité turque situés dans les montagnes sont particulièrement exposés à ce phénomène. Les filles reçoivent à la maison une éducation très stricte, elles ont très peu accès aux produits de consommation. L’arrivée au collège situé loin de leur village (qui dispose uniquement d’une école maternelle) fait naître un désir de liberté facile à manipuler par des lover boys. Si la fascination pour la ville, les besoins affectifs et le désir de liberté sont les principaux points d’entrée utilisés pour créer une emprise amoureuse, lors d’une enquête menée par l’un des procureurs de Sliven, plusieurs lover boys cherchant à recruter des filles pour leur compte se seraient également appuyés sur des connaissances psychologiques précises pour pouvoir mieux repérer et manipuler des jeunes filles fragiles.
Une fois séduites ces jeunes filles sont exploitées sexuellement pour le compte de leur « nouveau petit ami » à Sliven. A 18 ans après avoir pratiqué cette activité une partie d’entre elles sont envoyées à l’étranger.


Le cas de Pazardjik
Une autre ville en Bulgarie, connue pour le trafic de jeunes filles a vu le développement d’un autre modèle de recrutement fondé davantage sur la création d’une emprise amoureuse et familiale.
Une partie importante de l’économie du quartier rom de Pazardjik repose sur la prostitution. Le nombre de proxénètes serait de 300[21]. Le nombre de filles par proxénète serait en moyenne de 2 à 3. D’après nos interlocuteurs au sein du quartier, la plupart des victimes sont recrutées dans les villages autour de Pazardjik via des lover boys. Une fois séduite, la jeune fille intègre la plupart du temps la famille du lover boy / proxénète. Si ce dernier n’est pas marié civilement avec sa femme, pour augmenter l’emprise psychologique, il se marie avec la jeune fille. Là où les jeunes filles vivent au sein de la famille, elles sont relativement bien intégrées à la cellule familiale où elles dorment, prennent leur repas et partagent le quotidien. Elles sont perçues par les membres de la famille (femme et/ou enfants) comme une deuxième femme servant de « carte de crédit » selon l’expression rapportée par nos interlocuteurs. Toujours d’après des personnes de la communauté, si le nombre de jeunes filles par famille est limité c’est avant tout pour éviter des conflits liés à la jalousie entre les filles.
Au niveau de la structuration chaque proxénète est indépendant. Ceci n’empêche pas des associations temporaires entre eux sur des bases familiales et de voisinage pour mieux contrôler un territoire notamment à l’étranger. Des échanges de filles peuvent avoir lieu notamment entre villes d’un même pays (en l’occurrence Bordeaux, Limoges, Toulouse) mais aussi de différents pays (Munich et Gand) où les proxénètes de Pazardjik et Plovdiv qui contrôlent les lieux de prostitutions sont implantés localement depuis plusieurs années. Cette prostitution à l’étranger a lieu dans la rue, dans des appartements ou des hôtels (modèle des sex tour) ou quand c’est le cas des établissements où la prostitution est autorisée.
Les proxénètes qui rencontrent des problèmes avec la justice ou la police à l’étranger, se mettent à l’abri à Pazardjik afin de se faire « oublier ». Les jeunes filles qu’ils contrôlent se prostituent alors sur l’axe routier Plovdiv Sofia.

Du désir de reconnaissance sociale à l’exploitation sexuelle


A l’heure actuelle, la majorité des jeunes filles exploitées sexuellement savaient, au moment de leur recrutement, qu’elles allaient devoir se prostituer. Cette lucidité qui doit être relativisée car elles sont quasi-systématiquement trompées sur « leurs conditions de travail » ou la répartition des gains, vient à l’encontre de l’image de la victime idéale : innocente, naïve, trompée, battue. Or, afin de mieux cerner les mécanismes psychologiques et sociologiques qui amènent des jeunes filles à s’engager dans la prostitution il est nécessaire de prendre en compte leur désir de prestige social.  

L’étude de S. Lazaroiu et L. Ulrich[22], qui porte sur une centaine de filles roumaines, âgées de 15 à 25 ans, victimes de la traite, permet de mieux comprendre l’importance de cette dimension. Ses auteurs ont cherché à lister les facteurs de vulnérabilité ayant conduit à l’exploitation sexuelle, en mesurant l’écart des situations entre le groupe dit « vulnérable », composé d’anciennes victimes, et un groupe dit non vulnérable, constitué par un échantillon représentatif de cette tranche d’âge n’ayant pas connu des situations de traite. Sans trop de surprise, les résultats indiquent que plus la victime est jeune plus elle est vulnérable, idem pour le niveau d’études qui, lorsqu’il est faible représente un risque d’exploitation plus important… La recherche introduit ensuite des critères sur les représentations des victimes. Ainsi, parmi les filles du groupe dit vulnérable à la question : « qu’est-ce que vous désirez le plus dans votre vie ? » 40 % répondent : « avoir de l’argent, bien vivre, avoir de la chance ». Or, seules 18 % des filles dites non vulnérables ont cette même réponse. De même 90 % des « vulnérables » souhaitent avoir plus d’indépendance par rapport à leurs parents, contre 71 % pour le groupe dit non vulnérable. Or, ces représentations ne sont pas exclusivement conditionnées par un contexte familial lourd. En effet, 35 % des jeunes filles victimes disent avoir assisté à des disputes ou des violences au sein de leur famille, ce qui signifie que deux tiers des victimes disent ne pas y avoir été confrontées. De même, 16 % de l’échantillon dit non vulnérable a connu le même type de violences. Les origines modestes, le faible niveau d’éducation ou les violences familiales ne semblent donc pas être les seuls facteurs qui conduisent à la traite comme le laisse à penser la majorité des études[23] sur la question. Ce qui caractérise les victimes, ici, c’est leur volonté d’échapper à une condition sociale, quitte à accepter de se prostituer pour y parvenir. Mme Rotaru, psychologue dans une ONG qui travaille sur la prévention et la réinsertion des victimes de traite à Craiova (Roumanie), confirme ce point. La plupart des jeunes filles qu’elle a suivies, furent piégées par des jeunes hommes qui leur proposaient le style de vie désiré. En majorité, d’ailleurs, elles furent repérées dans des discothèques et des bars qu’elles fréquentaient pour échapper ponctuellement à un milieu familial pesant. Lors de l’apparition d’un garçon incarnant l’argent facile, les sorties ou la vie à l’étranger, elles se retrouvèrent totalement aveuglées. La psychologue explique que, malgré les avertissements des professionnels sur les risques encourus, ces adolescentes leur répondaient qu’elles préféraient se prostituer pour suivre leur copain plutôt que de rester à la porte de l’ascenseur social.

Cette quête du prestige suscite chez les professionnels et dans l’opinion publique une incompréhension vis-à-vis des victimes et de leurs aspirations, souvent idéalisées, pensées comme nécessairement non consentantes. L’attirance pour la réussite matérielle vient sûrement pallier des manques affectifs mais doit aussi être interprétée comme une volonté, qui traverse toutes ces sociétés, d’un besoin de reconnaissance particulièrement exacerbé. Cette volonté d’échapper à sa condition, quelque soit le moyen, traduit ce désir d’être reconnue dans un milieu où tout semble fermé. Lors des prises en charge en France, en Italie ou ailleurs par des foyers ou des familles d’accueil, ces adolescentes démontrent des capacités d’adaptation et de volonté étonnantes provenant de leur désir initial d’accéder à un statut plus élevé grâce, cette fois-ci, à l’obtention d’un métier et donc de revenus. 

Conclusion


L’exploitation sexuelle en Europe de l’Ouest a connu de profondes mutations au cours de ces 20 dernières années. Les grandes organisations criminelles se sont réorientées en partie vers le trafic de drogue, le trafic de cigarettes, le trafic de migrant, l’immobilier, etc., laissant la place à des micro-organisations ayant davantage recours à des formes de manipulation psychologique qu’à la violence. Ces changements ont rendu ce phénomène plus difficile à combattre. En effet, les investigations sur ces micro-organisations sont peu motivantes pour les enquêteurs car elles s’avèrent souvent aussi complexes que celles concernant des groupes criminels plus structurés. Les victimes sont prises dans les conflits de loyauté envers leur famille, leur petit ami... Elles refusent donc de parler ou de porter plainte. Des longues heures d’écoutes téléphoniques sont nécessaires, ainsi que des procédures complexes de demande d’identification au pays d’origine… Ces difficultés expliquent une certaine réticence des services spécialisés, dont les effectifs sont restreints, à se lancer dans ces investigations avec, à la clé, des résultats incertains et relativement limités. Les victimes d’exploitation sexuelle sont alors considérées uniquement comme des prostitués pour justifier cette non-intervention. Pourtant, conformément aux conventions internationales les pays de l’UE se sont engagés à combattre le phénomène et à y consacrer des moyens pour assister l’ensemble des victimes de traite des êtres humains. Des solutions existent. Afin de favoriser l’identification des victimes, la création d’une agence, indépendante des enquêtes pénales, chargées d’évaluer la qualité de victime de traite des êtres humains a montré son efficacité. Par ailleurs, en l’absence de garanties suffisantes de protection, l’obligation de coopérer avec la Police, présente dans la plupart des Etats afin de pouvoir bénéficier du statut de victime, est souvent rédhibitoire.

Si ces recommandations ont été maintes fois rappelées aux Etats et ont fait preuve de leur efficacité dans les rares pays où elles ont été appliquées (Royaume uni et Italie), les réticences à les mettre en place tout comme l’application très partielle de la directive UE/2011/36 montre que la volonté politique dans la plupart des pays d’Europe de l’Ouest est absente. L’obligation de protection des victimes de traite des êtres humains fait craindre aux Etats l’ouverture d’une voie de régularisation de l’immigration clandestine. Cette vision souligne en creux que l’exploitation sexuelle est considérée comme un phénomène touchant uniquement des personnes immigrées issues de pays pauvres. Or, contrairement à l'image véhiculée, la traite des êtres humains, mineurs / majeurs confondus, n’est pas caractérisée par l’extranéité des victimes. Aux Pays-Bas, au Royaume Uni comme en Allemagne, d’après les statistiques officielles, les victimes adultes les plus touchées par ce phénomène sont des nationaux. Si ces chiffres sont à nuancer en raison des garanties dont disposent ces victimes lors d’un dépôt de plainte, ils signifient que la traite ne se limite pas à certaines catégories sociales jugées marginales. Tout comme les violences faites aux femmes ont fini par être reconnues comme un phénomène pouvant être présent dans toutes les couches de la société,  l’exploitation sexuelle des enfants, des femmes et des hommes, pour être véritablement combattue, nécessitera d’être considérée comme un enjeu sociétal.

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Center for the study of democracy Organized crime in Bulgaria : Market and Trends, , Sofia, 2007.








[1] Le GRETA est chargé de veiller à la mise en œuvre de la Convention du Conseil de l’Europe sur la lutte contre la traite des êtres humains, en vigueur dans 34 pays en Europe. 
[2] D’après les statistiques fournies par le MOI/CIS (Ministère de l’Intérieur autrichien).
[3] Ministry of Health, Social Services and Equality (2012). III monitoring report on the Integral Plan against trafficking in Human Beings with Sexual Purposes. Year 2011. P. 37.   
[4] Rapport 2013 de l’OCRETH (Office central pour la répression de la traite des êtres humains).
[5] Rapport annuel  du Bundeskriminalamt, BKA, les mineurs représentent 17% de l’ensemble des victimes identifiées en Allemagne. Parmi les victimes mineures : 35 sont de nationalité allemande, 12 bulgares, 8 roumaine, 6 Hongroises et 3 nigériane.
[6] Si les programmes d’assistance en Italie sont financés par l’Etat à 80% (art. 13 et 18), l’identification passe en grande partie par le travail des ONG qui sont dépendantes des fonds des municipalités et des régions.
[7] Rapport 2014 du Greta, premier cycle d’évaluation, septembre 2014. 114 en 2012 et 45 en 2013
[8] NCA Strategic Assessment, the Nature and Scale of Human Trafficking in 2013.  Version number v1.1 authoring department/team : NCA OCC UKHTC, Septembre 2014
[9] Traduction non officielle de “The combination of the end of hostilities and the arrival of relatively rich peacekeeping operation personnel drove the hasty establishment of brothels and, in turn, founded the links between UNMIK personnel and trafficking syndicates. Within this observation lies the most significant challenge, then, to the peacekeeping operations in regards to trafficking - the fact that peacekeepers are often part of the problem. “
[10] Limanowska, Barbara. Trafficking in Human Beings in Southeastern Europe. Belgrade: UNICEF, 2002
[11] Human Rights Watch World Report, 2001.
[12] Sex Trafficking: The Impact of War, Militarism and Globalization in Eastern Europe
By Vesna Nikolic-Ristanovic, Ph.D., Faculty for Social Education and Rehabilitation, Belgrade University, Victimology Society of Serbia, Serbia and Montenegro
[13] Victor Malarek, The Natashas, The new Global Sex Trade, Westwood Creative Artists Ltd, Toronto, 2003.
[14] Voir le rapport d’Amnesty international de 2004 Serbie et Monténégro (Kosovo) : « Mais alors, on a des droits ? » La traite des femmes et des jeunes filles prostituées de force au Kosovo : protéger leurs droits fondamentaux ; qui indique que la fréquentation par les personnels civils et militaires des organisations internationales représentaient 80% du chiffre d’affaire de ces établissements. Engager des poursuites contre ces expatriés aurait donc porté un sacré coup à la rentabilité de ce trafic.
[15] Cette présence de groupes criminels kosovars en Suisse et en Allemagne fut stimulée par les besoins de financement des institutions parallèles mises en place par les albanophones, dès les années quatre-vingt, pour lutter contre le contrôle de Belgrade sur la Province. Considérés comme patriotiques, ces groupes qui récoltaient l’argent de la diaspora et servaient de banque parallèle ont lentement basculé vers la criminalité et le trafic de drogue, notamment ceux proches de Xhavit Haliti et Hashim Thaçi, soutenus par les gouvernements occidentaux.
[16] Information recueillie lors d’un entretien effectué en 2011 auprès d’un des enquêteurs.
[17] Entretien en 2013 avec un magistrat spécialisé dans les enquêtes sur les sex-tours à Bordeaux.
[18] Extrait de l’article « Catalogne : un sordide réseau de proxénètes démantelé » In Métro, édition française du 21/02/2013.

 

[19] Les autres formes qui sont devenues minoritaires sont la tromperie (fausse promesse d’embauche, etc.) ou la contrainte de type familiale, exercée par des membres de la famille ou de la belle-famille.
[20] Etude « Feed Back » réalisée par l’ALC (Accompagnement Lieux d'Accueil Carrefour) de Nice dans le cadre du projet Daphné II sur des femmes victimes d’exploitation sexuelle dans 5 pays d’Europe.
[21] Ce nombre nous a été indiqué par plusieurs personnes de la communauté, ainsi qu’une ONG travaillant avec les proxénètes.
[22] « Le trafic des femmes : une perspective sociologique », In Visible mais peu nombreux,  sous la direction de Dana Diminescu, Maison des Sciences de l’Homme, Paris, 2003.
[23] Voir, par exemple, l’étude, de l’ANITP (agence nationale roumaine pour la lutte contre le trafic) Aspecte privînd fenomenul traficului de femei în România, Bucarest 2009, qui met en avant le faible niveau d’éducation comme principale cause d’exploitation.